L'autre...

Nombre de messages : 108 Localisation : Kedrok Date d'inscription : 25/03/2007

Un nuage gris venait de couvrir lentement la rondeur laiteuse de la lune.
Les insectes et autres animaux nocturnes quant à eux allaient et venaient, laissant le silence de la nuit bercé par une multitude de petits bruits vivants.

Dans le Clan de Satowa, la plupart des membres étaient partis se coucher. Quelques-uns dans un lit de l’auberge trouvaient le repos mérité après des journées parfois chaotiques mais surtout épuisantes.
La belle Caroline s’était étendu dans son lit, sa longue chevelure couleur de jais couvrant l’oreiller moelleux.

La nuit suivait son cours, les cœurs battaient au même rythme lent des respirations, et mis à part le tic tac de la vieille horloge du bas et quelques joyeux tardifs à finir leur dernier verre, l’étage était totalement silencieux.

A un moment, pourtant, le grincement d’une porte se fit entendre, mais fut vite oublié dans la tiédeur des draps.
Caroline devait sans doute nager en plein rêve, son visage était serein et sa respiration légère. Un peu telle une princesse de légende endormie par magie attendant le baiser sucré d’un beau jeune homme pour se réveiller.
Pourtant…personne ne vint troubler son sommeil, si ce n’est un contact humide qui semblait tomber gouttes à gouttes sur ses lèvres et son visage.

* correction j'ai remplacé le "chacun" par "quelques-uns" après précision de Faucon Wink

Encore une journée passée à voyager pour aller aider les blessés... Elle était arrivée harassée à l'auberge et était monté directement dans sa chambre, sans même prendre un verre avec les quelques membres du clan présents dans la taverne.

Néanmoins, malgré sa fatigue, elle ne trouva pas le sommeil. Elle resta donc un long moment à la fenêtre, observant le jour qui cédait sa place à la nuit.

Elle aimait ce moment, quand il ne faisait plus tout à fait jour mais pas encore nuit. On aurait dit que le temps se suspendait, tout était silencieux, même le vent qui frôlait son visage jusque-là s'était tû. Enfin, la lune repris sa place et Caroline décida que le moment était venu de se coucher.

La pâle lumière de la lune éclairait la chambre, mais pas pour longtemps, les paupière de l'elfette lui cachèrent bientôt ce spectacle.
Elle voguait quelque part dans le royaume des rêves, là où ses draps étaient de l'eau qui coulait délicieusement sur sa peau et son oreiller de la mousse moelleuse, lorsqu'elle ressentit réellement de l'eau perler sur son visage.
Elle se redressa, les paupières encore lourdes et essuya les gouttes qui s'étaient aventurées sur ses lèvres et sur sa peau. Elle leva les yeux vers le plafond, croyant à une fuite dans la toiture...

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Le plafond était aussi noir qu’une nuit sans étoiles et paraissait ne pas avoir de limite, pourtant de part la fenêtre entre-ouverte quelques rayons de lune avaient réussi à percer ce nuage qui lui volait la vedette et on pouvait distinguer en équilibre sur la tête du lit une silhouette se tenant juste au dessus de Caroline.
Accroupie en posture animale, seuls le blanc des yeux, le drapé d’une longue chemise blanche, et la pointe d’une canine effilée se démarquaient de l’ombre. Le visage semblait mangé de moitié par une chevelure ébouriffée de couleur sombre.

Suspendue au dessus de l’elfe, l’être tenait quelque chose dans la main dont suintait les gouttes une à une et retombaient à présent sur l’oreiller, tâchant celui-ci à chaque impact.
Le bruit d'une respiration forte et sauvage confirmait la présence qui n'avait rien d'un rêve et une odeur forte et acide emplit la pièce.

L'apparition était terrifiante, elle l'observait de ses yeux étincelants, accroupi au-dessus d'elle comme un prédateur s'apprêtant à fondre sur sa proie. Depuis quand ?

Caroline sauta de son lit, se relevant à côté de celui-ci, les mains entourrés d'un halot bleuâtre. Elle s'était rendu compte que le liquide qui perlait pour venir tâcher son oreiller n'était autre que du sang. Et la canine pointue n'avait pas échappée à sa vue. Etait-ce un félys ?

La poitrine de la prêtresse se soulevait rapidement au rythme de sa respiration rendue saccadée par le stress. Cependant le bruit qu'elle produisait n'arrivait pas à couvrir celui sourd et puissant de l'inconnu(e) qui n'avait pas bougé d'un pouce et continuait à l'observer, apparament très calme.
Faisant taire son instinct de survie qui lui dictait de foudroyer l'importun sans attendre avant que lui ne le fasse, l'elfette s'enquit : "Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Que...Que me voulez-vous ?! "

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La lueur violacée qui s’échappa préventivement de sa main éclaira à peine l’endroit où elle se trouvait ne laissant pas l’opportunité à Caroline de discerner les traits de l’intrus.

En la voyant jaillir, sa respiration se fit plus rauque et plus animale encore mais il ne bougea pas d’un millimètre.
Il se tenait toujours juché en haut du lit, seule sa tête avait suivi les mouvements de l’elfe avec une grande attention, tel un prédateur
Dans un léger craquement d’os, les gouttes s’accélérèrent et imprégnèrent d’avantage l’oreiller qui à présent était entièrement maculé de sang.
Aux questions, la bouche s’allongea laissant apparaître la seconde canine, mais aucune parole ne fut prononcer comme réponse.
Après un long moment, laissant l’ambiance de la pièce devenir intolérable, l’être se redressa agilement, se mettant debout, toujours en équilibre sur le fin rebord du lit, mais malgré l’inconfort de la position, il ne semblait pas du tout être gêné.
Une brise pénétra la pièce par la fenêtre agitant les pans de sa la longue chemise blanche quand soudain une voix méconnaissable se fit entendre, une voix presque démoniaque parlant dans une langue étrange.

L'autre... Mirageformule

Aussitôt les 7 chandelles du lustre de bois s’illuminèrent et éclairèrent la chambre.

La forme était en effet Félys, et le pire était sans doute que Caroline la connaissait.

Mirage se tenait debout les griffes des orteils plantées dans le bois du lit ne portant qu’une fine chemise de nuit tâchée de sang. Dans sa main, elle écrasait le corps d’un corbeau égorgé dont le sang c’était finalement tari et dont les dernières gouttes filaient le long des bras de la jeune fille.
Ses lèvres étaient bleues. Les mèches de ses cheveux noires retombaient effilées sur son visage pâle, mais laissaient voir entre-elles des yeux blancs révulsés sans aucune traces de pupilles dorées.
Elle était méconnaissable. D'un âge différent.
Elle n’avait plus l’air fragile, innocente et triste comme à l'accoutumée, mais puissante, agressive et sombre.

Caroline tressailit en entendant l'incantation mais celle-ci eut pour unique effet d'allumer les chandelles.
Elle pouvait maintenant voir l'intru qui s'était redressé, désormais éclairé par la lueur dansante des bougie.
"Mirage ?!"
Oui c'était bien elle, elle avait reconnu son visage, son corps svelte et ses mèches noires contrastant avec la pâleur de sa peau.

L'elfete allait abaisser ses mains mais elle se ravisa, et la halo qui les entourait se raviva.
Elle avait rencontré le regard de la félys... Un frisson la parcourut.
Ses yeux... vides, d'un blanc laiteux et injectés de sang. Il n'y avait plus trace des pupilles dorées de Mirage.
Son attitude était différente aussi. Le mélange de tristesse, la timidité et l'air un peu perdu qui émanait habituellement de la félys avait fait place à une impression de puissance et surtout de sûreté.
Elle regardait la prêtesse de son regard froid, tranquille, comme sûre de sa force.
Ce n'était pas vraiment Mirage. Elle n'était plus elle-même.

La félys n'avait pas répondu à ses précédentes questions, mais Caroline tenta encore une fois d'en savoir plus :
"Mirage ? Qu'est-ce qui se passe ? Que t'est-il arrivé ?"

Tout en prononçant ces paroles, elle modifia le sort qu'elle retenait toujours, si jamais Mirage réagissait de manière agressive elle pourrait toujours la paralyser... Elle ne voulait pas la blesser.

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L’Entité fut ravie de lire dans ses yeux azur le malaise que sa forme avait déclenché chez elle.
La pâleur de son teint de son teint de rose, les traits de ses sourcils effrayés, son regard plein de questions, de pourquoi…Tout cela était comme il devait être.

Mirage quitta son appui et lança ses bras en avant pour s’accrocher au lustre. Le couinement des chaînes qui soutenaient le bois de celui résonna au même rythme des balancements imposés par son élan. Une chandelle s’éteignit, les autres chancelèrent mais restèrent allumées. Elle finit par lâcher sa prise et retomba lourdement à quelques mètres de Caroline. Elle lui fit face, la tête légèrement penchée en avant comme un animal, observant de ses yeux sans vie les réactions de la jeune femme.
La voix immatérielle mais au timbre masculin résonna de nouveau dans la chambre.

Il ne fallait aucunement être spécialiste en la matière pour se rendre compte que la jeune Félys était possédée par un esprit puissant. Les traits déformés de son visage, la respiration anormale, la voix dénaturée, le blanc de ses yeux et l’odeur de souffre qui brulait les narines.
L’Entité continua de parler sans se préoccuper de savoir si l’elfe comprenait un mot de ce qu’elle disait.

Elle leva un bras et fit un geste léger du poignet de la commode à la porte qui se trouvait derrière Caroline.

La commode grinça sur le parquet et se traîna d’elle-même devant la porte, empêchant toute fuite possible.
Mirage sourit de nouveau, et laissa échapper un petit rire malsain. Elle posa son doigt sur sa bouche comme pour faire silence et murmura…

Réduisant ainsi Caroline au silence par un sortilège douloureux dans le but manifeste de l’empêcher d’appeler à l’aide.
Elle la regarda réaliser ce qui lui arrivait et la douleur qui en découlait, puis se mit de nouveau à rire.

Elle n'avait pas lancé le sortilège lorsque le corps de Mirage s'était animé, pas non plus lorsqu'elle avait prononcé des paroles incompréhensibles pour l'elfe.

Elle ne désirait la frapper qu'en dernier recourt.

Cependant cette voix... Un frisson parcourue l'échine de la prêtresse. Cette voix... elle était tout sauf humaine. Grave, immatérielle, aucun sentiment n'en transparaissait.
Caroline savait maintenant ce qui était arrivé à Mirage. Elle était possédée. Mais par quoi ?

Un grincement dans son dos. Concentrée sur la félys, essayant de comprendre ce que l'entité disait par sa bouche, l'elfette tressaillit et jeta prudemment un regard derrière elle.

Elle vit la porte désormais bloquée par la commode. Ce.. cette chose tentait de la priver de toute retraite. La fenêtre à laquelle elle était resté un long moment accoudée à rêver serait désormais sa seule échappatoire. Elle n'avait plus beaucoup de temps, elle avait compris à quel point ce qui habitait Mirage était dangereux. Elle décida de mettre le peu de temps qui lui restait à protéger cette improbable issue et érigea un invisble bouclier de lumière tout autour. Elle doutait que celui-ci resiste à la magie du "parasite" mais peut-être lui permettrait-il de fuir.

La terrible voix recommença à incanter. Caroline psalmodia rapidement et ses mains s'entourèrent à nouvau du halot bleuâtre.
Mirage eut un rictus. Ses canines étincelaient tout comme ses yeux vides. On aurait dit qu'elle se repaissait déjà de l'elfette.
La prêtresse voulut crier, se résignant à appeler à l'aide maintenant qu'elle se savait prise au piège, mais fut incapable de le faire.

Ses pupilles se dilatèrent sous l'effroi. Elle était seule face à ce monstre avec un seul sort à jeter qui se contenterait de paralyser Mirage, si toutefois il se révélait assez puissant pour ça...
Pourtant elle allait combattre, elle n'avait pas le choix si elle voulait avoir une chance de survivre. Elle était déterminée à ne pas se laisser abattre facilement.

Sa terreur ne l'avait pas quittée, mais elle avait retrouvée un peu de son courage.

Le regard vide la fixait toujours, le rictus s'était transformé en un sinistre éclat de rire, la créature semblant s'amuser de sa peur.

Elle était seule...

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La chambre semblait se rétrécir. Comme si les seules choses concrètes de la pièce étaient l’opposition de ces deux êtres. L’ambiance devenait étouffante et électrique.
L’odeur de soufre commençait à chasser toute trace d’air pur, rendant celui-ci irrespirable et même carrément suffoquant.

L’Entité regarda un instant en direction de la fenêtre puis regarda de nouveau Caroline, l’air goguenard. Elle avait perçu le sort, la porte de sortie que l’elfe essayait vainement de préserver, mais elle décida de la laisser faire.
Sa puissance n’avait d’égal que son orgueil, et pour elle le sang de la jeune femme était déjà versé.
Comme tout être démoniaque, le plaisir de torturer sa proie prédominait toute logique qui aurait été d’expédier l’affaire le plus rapidement et efficacement possible.
Cependant, dans les yeux aigue-marine de Caroline on pouvait lire de la noblesse, du courage, et une grandeur d’âme inégalée ce qui avait le dont d’irriter cet instinct de supériorité si familier aux âmes damnées. Elle aurait voulu la voir pleurer, supplier, se rendre plus misérable, mais elle n’en faisait rien !
Mirage expira d’exaspération, puis se concentra, formant alors un cercle de ses doigts et psalmodiant de nouvelles incantations. Cette fois-ci elle s’exprima dans une langue oubliée, une langue maudite où seuls des sons, telle une mélodie sans paroles, résonnaient comme une vibration.
Les murs semblaient vibrer eux aussi, comme s’ils entraient en résonnance avec les forces surnaturelles que Mirage était en train d’invoquer malgré elle.
La chambre sembla soudain aspirée par le cercle formé, mais en fait seule la lumière se vidait de la pièce et était absorbée à l’intérieur de ses mains.
Elle se préparait à attaquer, l’air toujours aussi satisfaite d’elle-même.
La pièce était devenue sans couleur, sans matière, seule la silhouette du mobilier et du lieu semblait dessinée. Les oreilles se bouchaient, comme si elles étaient soumises à une forte pression. Comme si le néant avait envahi ce lieu à présent effacé.
Une fois l’énergie concentrée, Mirage lança son attaque, laissant filer entre ses doigts une multitude de petites pointes aiguisées, projetée à une vitesse folle vers la belle Caroline.

Les deux êtres se dévisageaient, l'une cherchant sans doute le meilleur moyen de tuer ; l'autre comment aider et survivre.
L'odeur de soufre qui émanait de la félys emplissait la pièce, rendant l'air irrespirable.
Caroline détourna son regard de Mirage, observant les effets de ce nouveau sortilège. On aurait dit que Mirage absorbait la matière de la chambre, s'en nourrissant pour augmenter le puissance du sort qu'elle allait lancer.
La lumière même semblait être captée par ses mains et la pièce s'assombrit.

La prêtresse ne doutait pas qu'à ce moment la félys aurait pu l'anéantir, mais elle connaissait ce regard. Elle l'avait déjà perçut cet éclat pervers, cette lueur amusée et féroce et ce pétillement de folie.
Mirage voulait s'amuser avec sa "proie".

Soudain des projectiles jaillirent des mains de la félys, volant tout droit vers le coeur de l'elfette. Elle les regardait se rapprocher dangereusement...
Au dernier moment, elle se jeta sur le côté, bénissant son père de lui avoir appris à se défendre sans la magie. Les pirouettes qu'elles trouvaient ridicules à cette époque risquaient de se montrer fort utiles...

Le bruit sourd que firent les pointes en se plantant dans le mur lui confirma qu'elle leur avait échappé.
Encore un bond et elle se retrouvait près de son lit, ramassant ses bâtons.
Ils ne lui seraient pas d'une grande utilité puisqu'elle était incapable d'utiliser la magie mais là encore son père avait eut la bonne idée de lui apprendre à les manier comme simple arme.
L'elfette ne se faisait pas d'illusions. Jamais ces bouts de bois dénués de magie ne pourraient lui permettre de vaincre l'entité. Tout au plus lui permettraient-ils de survivre un peu plus longtemps. Quelques minutes, en priant pour que quelqu'un vienne frapper à sa porte, ce qui était très improbable vu l'heure.

Caroline se redressa et plongea à nouveau son regard bleu dans celui blanc et dénué de toute expression de Mirage. Elle ne pouvait parler, mais espérait lui faire comprendre qu'elle ne lui ferait pas le plaisir de se laisser tuer comme ça, et surtout que jamais elle ne lui demanderait grâce.

Un liquide chaud coulait le long de son bras. Elle détacha son regard de la félys et remonta des yeux le petit filet de sang qui ruisselait sur sa peau pâle.
Une blessure à son épaule, elle ne s'en était pas rendue compte. L'un des projectiles l'avait frôlé d'un peu trop près. Heureusement la plaie était superficielle et le sang carmin qui s'en écoulait, tranchant sur sa peau d'albâtre, n'affluerait pas longtemps.

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La regarder lutter pour sa vie était jouissif. Le jeu allait continuer, la proie avait de la ressource.
Mirage ferma les yeux pour mieux humer l’odeur du sang qui s’échappait de l’épaule dénudée de l’elfe. Cette odeur réveilla en l’Entité un appétit encore plus grand, et l’idée de taillader encore la peau délicate de la jeune femme excita la bête au plus au point. Elle passa avec gourmandise la langue sur ses lèvres, imaginant avec délice la suite des évènements.
Caroline était à présent dans son dos, elle avait su faire preuve d’agilité et se voyait armée d’un bâton. La Félys continua d’afficher le même sourire moqueur sachant qu’aucune voix ne réveillerait la magie de l’objet.
Elle se retourna lentement et regarda sa victime prête à se défendre.
Décoiffée par ces acrobaties, les longs cheveux soyeux de l'elfe couvraient à présent une partie de son visage et se soulevaient légèrement au rythme de son souffle, la rendant plus accessible, plus sensuelle que jamais. Elle était loin de son image conventionnelle, de prêtresse sage, intouchable et toujours impeccable. Elle luttait pour sa vie avec compassion, cherchant à épargner le petit corps qui lui faisait face, manipulé par ce marionnettiste sardonique.

Contre toute attente, la Félys prit une chaise, s’assit tranquillement dessus, et regarda en souriant Caroline. Puis elle leva la main vers le lit qui était proche d’elle, fit un moulinet du poignet et clama haut et fort.

Il y eu d’abord un long silence sans que rien ne soit perceptible. Pourtant, à un moment donné, Caroline put s’apercevoir que le drap du lit encore bordé sur le côté était peu à peu tiré en son centre. Il se leva peu à peu, se tordant sur lui-même de plus en plus. Il se courba en ondulant et se couvrit peu à peu d’une peau luisante et écailleuse. Pour achever sa métamorphose un sifflement se fit entendre et une langue rose et fourchue fit des allées et retour dans une gueule qui mesurait bien la taille d’un bras humain. Le serpent enfin constitué se redressa de toute sa hauteur, frôlant de sa grosse tête le plafond et fixa Caroline de ses petits yeux brillant.
Mirage éclata d’un rire franc à glacer le sang, comme si elle s’apprêtait à assister à un merveilleux spectacle.

Elle haletait, sa respiration était précipitée, plus à cause de l'odeur toujours aussi insoutenable que par la fatigue. Elle pouvait encore se défendre.
Les mains crispées sur ses bâtons, elle toisait son adversaire, la haine faisant peu à peu son apparition dans son coeur. Oui elle le détestait, elle éprouvait de l'aversion pour cette entité... Comment aurait-il pu en être autrement ? Quelqu'un qui s'amusait d'elle, se plaisant à la faire soufrir ne méritait rien d'autre que son mépris.

Il connaissait son avantage, il savait qu'elle n'oserait pas s'attaquer à son enveloppe charnelle. Et il en profitait...
L'expression gourmande qu'affichait ce visage, qui se léchait les babines, se délectant d'elle par avance la dégoutait.
Il fallait qu'elle trouve un moyen de forcer ce monstre à quitter le corp de la félys. Mais sans la magie, cela paraissait impossible.

Mirage lui faisait à nouveau face, le regard toujours desépérément vide mais dans lequel bizarement on pouvait lire sa satisfaction.
Caroline repoussa d'un geste agacé les mèches noires qui collaient à ses tempes et inconsciament elle finit d'arracher sa manche qui pendait sur son bras meurtri, laissant l'étoffe imprégnée de sang choire sur le sol. Enfin d'un geste rapide elle déchira sa jupe, formant une fente sur le côté pour lui permettre de se mouvoir plus librement.

Pendant tout le temps qu'avait duré le combat, elle n'avait cessé d'observer la félys, cherchant le moment le plus propice pour jeter son sort. Malheureusement ce moment ne s'était pas encore présenté, l'entité était sur ses garde.
Et voilà que la félys s'asseyait calmement, gratifiant Caroline d'un rictus. Elle se savait plus forte, aussi se permettait-elle cette aise. Elle désigna du bras le lit sur lequel elle avait fait son apparition quelques instants plus tôt. Caroline le fixait, ne prêtant pas attention aux paroles que déversait la bouche de Mirage, elle avait cessé d'essayer vainement de les comprendre.
Qu'allait-elle encore devoir affronter ? Quel nouveau piège la félys allait-elle faire apparaitre ?

L'attente était pénible. L'elfette serrait et relachait nerveusement l'étreinte de ses doigts autour des bâtons.
Enfin un mouvement, à peine perceptible au début mais qui s'intensifia.
Les draps se tortillaient au centre du lit, et finirent par se dresser. Une peau luisante aux écailles vert émeraude recouvrit les draps de satin blanc. Deux yeux d'un jaune pesque doré finalisèrent la créature qui se tenait maintenant devant Caroline.

Immédiatement le regard de l'énorme serpent rencontra le sien et il émit un sifflement. Sa tête frôla le plafond tendit qu'il se rapprochait encore en odulant.
Brusquement, il fondit vers l'elfette, la geule grande ouverte sur ses crochets, mais la prêtresse s'y attendait et réussit à l'esquiver d'un bond, avant de ratterir souplement quelques mètres plus loin.
Le plancher se fendit en plusieurs endroits sous le choc mais il tint bon.
Caroline fit volte face mais déjà le serpent était sur elle.
Un bâton s'interposa in extremis entre les crochets et la chair de l'elfette. Le venin qui suintait des crochets de la bête dégoulinait sur le bois sans entamer celui-ci. Le bois grinça sous la pression exercée par la mâchoire du monstre mais il résista.
Les yeux jaunes aux pupilles verticales qui fixaient la prêtresse n'étaient quà une vingtaine de centimètre du visage de cette dernière qui pouvait sentir le souffle toxique dans son cou.

D'un geste soudain, elle retira le bâton de la gueule du serpent et avant que celui-ci n'est réagi, elle se plaçait à côté de lui.
Là, elle joignit ses bâtons et dans ses mains et les envoya le plus puissament possible percuter le dessous de la gueule encore entrouverte.

Elle attendait, priant pour que le regard jaune qui l'avait retrouvée se voile...

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Ne cachant pas son ironie, l’Entité se mit à applaudir alors que Caroline se démenait pour ne pas céder face à la bête. On aurait dit un enfant qui se réjouissaient d’arracher une à une les ailes d’un papillon.
La Belle s’effeuillait petit à petit pour acquérir plus de liberté de mouvements, ce qui rendait le spectacle des plus plaisants. Plus la chair était apparente, plus elle s’attendait à voir le sang couler.
L’animal invoqué était puissant et agressif, il donnait à l’elfe du fil à retordre, mais elle s’en sortait plutôt bien.
Mirage se pencha un peu en arrière, accoudée sur le rebord, se laissant glisser sur sa chaise en attendant le dénouement.
Elle fixait intensément la jeune femme pendant son combat. Son regard se durcit peu à peu.
Tout son être transpirait de haine, de dégoût et de mépris.
Il fallait qu’elle meure ! Il fallait qu’elle disparaisse de la vie de son ôte ! Trop de lumière dans cette elfe, trop de sentiments. Elle était nuisible à ses desseins, Caroline devait expirer ce soir, et cela devenait pressant.

Ne réussisant pas à trouver le sommeil, Aravis décida d'aller marcher. Elle enfila ses vêtements et prit son épée. Elle ne pouvait penser sortir sans. Ses années de fuite avaient transformé cette prévention en habitude. Elle descendit de sa demeure. La lune était brillante et le silence règnait dans tout Satowa. Elle fit quelques pas et entendit un bruit provenir des arbres. Elle se retourna la main sur son épée et vit Luminus qui sautait d'une branche à l'autre pour venir la rejoindre.

"Tu n'étais pas obligé de venir. Mais j'apprécie que tu sois là."

Le petit singe vint prendre place sur l'épaule de sa maîtresse. Aravis se dirigea vers le lac. Cette endroit lui permettait de bien voir les messages que le ciel lui transmettait. Lorsqu'elle arriva, Aravis décida de tremper ses pieds dans l'eau. Elle adorait cette atmosphère de paix que la nuit lui apportait. Elle ferma ses yeux un moment et pencha sa tête vers l'arrière. Luminus en profita pour attaquer de ses pattes le reflet qu'il voyait dans l'eau. En ouvrant les yeux, le visage de l'elfette sembla se crisper. Elle se releva d'un coup pour mieux observer ce qu'elle ne voulait pas croire. Un mince nuage se mit devant la lune et changea sa couleur en rouge. Un énorme frisson parcouru le corps de la guerrière.

"Luminus, quelque chose de terrible se prépare, même qu'elle est déjà là. Je ne sais pas encore ce que c'est, mais il faut rapidement trouver. Sinon, l'avenir de Satowa risque d'être ébranlée."

Tout à coup, un petit craquement se fit entendre. Puis un autre et encore un autre. Aravis regarda Luminus et ils partirent en courant pour tenter de trouver d'où provenait ce bruit. Plus ils avançaient, plus le son devenait fort. Ils arrivèrent près de la demeure de Caroline. La maison semblait bouger. À un moment, c'était un mur et à un autre, le toit.

Cela m'étonnerait beaucoup que Caroline soit en train de s'amuser ou de faire la fête. Allons voir par la fenêtre ce qui se passe Lum.

La guerrière sortit son épée et se dirigea vers la fenêtre. Elle fut dans tous ses états lorsqu'elle vit le serpent géant et encore plus que Caroline était sa proie. La pauvre semblait se débattre de toutes ses forces, mais la créature lui laissait très peu de chance. Aravis n'attendit pas plus longtemps pour entrer dans la maison par la fenêtre et ascéner un coup d'épée sur la partie du corps du serpent qui lui était à portée. La bête se tortilla dans tous les sens et se retourna pour s'attaquer à ce qui venait de la blesser. Aravis brandit son épée lorsque le serpent lui fit face. Ces yeux fixèrent la guerrière avec colère.

"Je ne sais pas d'où tu sors sale bête, mais tu vas y retourner en petits morceaux !"

Aravis jetta un petit coup d'oeil vers Caroline pour voir si elle allait bien. Elle semblait blessé, mais rien de trop grave. Puis, son regard fixa les dents du serpent. À ce moment, Luminus se précipita sur la tête du serpent et commença à lui griffer les yeux. Le serpent se mit à gigotter dans tous les sens pour se débarasser de cette petite boule de poils qui s'accrochait fermemant.

"Lum, fait attention !!!"

Aravis donna quelques coups d'épée à la bête, sans se douter que Caroline n'était pas la seule spectatrice à observer ce qui se passait.

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Ne s’attendant pas à être dérangée de la sorte, Mirage se redressa sur sa chaise, les poings crispés, en voyant la pétillante Aravis faire son entrée. Telle Diane chasseresse, elle brava immédiatement le danger, et l’épée à la main entreprit de pourfendre la tête de l’énorme reptile.
Les dents serrées, l’Entité fut piquée au vif de voir l’intruse se mêler de la sorte de ses affaires et la priver ainsi du spectacle fort réjouissant auquel elle c’était préparé.
Elle se releva brutalement, pointa le bras en direction de la jeune guerrière et le leva d’un coup en vociférant.

Aravis se retrouva suspendue dans les airs mais avant même de toucher le plafond fut projetée violement contre le mur de la chambre.

La voix se faisait colérique, elle résonna tant est si bien que le serpent lui-même s’immobilisa. Une légère lueur rouge vint tinter le blanc des yeux de la Félys et l’odeur de soufre se fit plus agressive.
Mais des perles de sueurs commençaient à couler le long du front de Mirage et sa respiration était plus haletante.
Se rendant compte de l’état de faiblesse de son ôte du à un usage inconsidéré de ses propres pouvoirs, l’Entité comprit qu’il fallait agir au plus vite, avant que le mana ne s’épuise totalement et finisse par tuer Mirage.
Il était difficile pour une âme damnée puissante d’utiliser une telle puissance dans le corps d’une simple novice. Ne supportant pas ce sentiment de faiblesse, l'Entité regarda le serpent et sur un ton impératif clama.

Une voix terrifiante fit trembler la maison. Tout ce que Aravis eu le temps de constater fut qu'elle s'élevait vers le plafond et qu'elle fut projeter sur un mur. Elle retomba brutalement sur le sol, lachant son épée. Elle ressenti une douleur vive à la tête et au bras gauche. Elle essaya tant bien que mal de se relever, mais elle ne réussi qu'à s'agenouiller. Lorsqu'elle posa sa main sur son bras endolori, elle constata les dégats. Quelques gouttes de sang s'échappaient d'une blessure qu'elle avait dans le haut du bras. Aravis secoua sa tête et se mit à chercher son épée.

C'est là qu'elle la vit et l'entendit. Elle n'en croyait pas ses yeux. La voix à faire dresser les cheveux sur la tête provenait de la bouche de Mirage. La Mirage qui semblait toujours timide et fragile. Ce n'était pas possible. Les paroles étaient incompréhensibles. Son regard était sans humanité et remplit de haine. Aravis ne détourna pas son regard tout en continuant à chercher. Elle finit par poser la main sur son épée. Mais elle n'en fut pas plus rassurée. Une nouvelle fois, Mirage se mit à parler en s'adressant au serpent sur un ton déterminé. C'était donc elle qui le contrôlait. Aravis se dit que Mirage devait être possédée, car elle ne pouvait imaginer que la félys puisse agir de la sorte. Les yeux percants du serpent se retournèrent vers elle. Il paru encore plus grand qu'avant. Aravis se releva tant bien que mal en prenant appui sur le mur. Son épée semblait plus lourde. Sa respiration s'accélérait et la douleur à sa tête persistait. Elle regarda Mirage.

"Je sais très bien que cela ne sert à rien d'essayer de te résonner, sale monstre. Mais sache que je ne me laisserai pas impressionné par un peureux qui se sert des autres pour arriver à ses fins. Je vais me débarasser de ton serpent et ensuite, je m'occuperai de toi."

Aravis brandit son épée en direction du serpent. Luminus était descendu lorsque sa maîtresse s'était fait lancé dans les airs. Il était maintenant sur l'épaule d'Aravis. Il n'osait pas regarder Mirage, car il en était effrayé. Aravis se prépara aux éventuelles attaques de la bête.

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La créature porta la main à sa tête, le visage crispé comme s’il éprouvait un violent mal de crâne ou souffrait d’un vertige, mais aux paroles de la jeune elfette, il ne put s’empêcher de ricaner.

Mirage s’appuya sur la commode qui bloquait la porte, et fixa d’un œil mauvais le petit singe manifestement très attaché à sa maîtresse, en haletant de plus en plus.

La fenêtre... Elle lui avait finalement été utile, d'une tout autre façon que celle qu'elle avait prévu, mais utile quand même.

L'arrivée inespérée d'Aravis lui permit de se reprendre. Elle s'appuya contre le mur tandis que la guerrière commençait à taillader le serpent.
Un instant elle ferma les yeux, rien qu'un instant, pour se détacher du combat et de sa peur. Et elle pensa... son corps se reposait mais son esprit lui fonctionnait intensément.

Elle se remémora les premières paroles de la félys, dans lesquelles elle savait que se trouvaient l'explication de tout ce qui lui arrivait...
Enfin la lumière jaillit, rompant les sombres barrières de la langue qui l'empêchaient de comprendre. Elle savait ! La seule chose qui faisait que l'entité n'avait pas pu prendre le contrôle total de Mirage, c'était elle ! L'infime partie d'humanité qui subsistait dans cet esprit possédé était liée à elle. Voilà pourquoi il fallait qu'il la tue... C'était elle ou lui.

Elle réfléchit encore. Il fallait qu'elle fasse ressortir Mirage, que l'esprit de la félys reparaisse dans ce corps. Mais comment ?

Un bruit sourd la tira de ses pensée. Elle vit Aravis glisser le long du mur, une trainée de sang appraissant au fur et à mesure de sa lente descente. Caroline ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit.
Elle voulut s'approcher d'Aravis mais le serpent s'interposa entre elles.
Elle était stupide, impardonnable ! Comment avait-elle pu se reposer pour réfléchir alors que son amie se battait pour lui sauver la vie !
Une larme de remord et de haine pour le monstre qui la forçait à vivre ça apparut au coin de son oeil et roula sur sa joue, se mêlant au sang qui la maculait.

La voix retentit encore. Plus pressante. Il voulait en finir avec elles. Il s'était assez amusé. Ou bien ne pouvait-il plus attendre ?
Un coup d'oeil vers Mirage lui fournit la réponse. La sueur perlait de son visage crispé. Elle était faible, son corps ne supporterait pas longtemps la présence de l'entité.

Le serpent hochait la tête, semblait hésiter. Laquelle des deux elfettes devait-il tuer en premier ?
La prêtresse décida de mettre à profit cet instant de doute, et bondit vers la commode où la félys s'était accoudée.
Elle lui saisit le bras et plongea son regard dans le sien, espérant de tout coeur voir reparaitre un peu du dorée des pupilles de Mirage dans ces yeux laiteux... et ne pas se faire foudroyer sur place.

L'être qui utilisait Mirage comme enveloppe corporel se mit à rire du semblant de courage d'Aravis. La guerrière commença à avoir de la difficulté à respirer. Non, parce qu'elle avait eu le souffle coupé par l'impact contre le mur, mais la peur montait peu à peu. Il lui fallait tenir bon. Lorsqu'elle regarda en direction de Mirage, elle vit Caroline se jeter sur la félys et la plaquer sur le sol. Il était temps d'agir rapidement. Aravis se devait d'affaiblir le serpent le plus vite possible. Elle regarda Luminus et lui chuchota quelques paroles à l'oreille. Le petit singe descendit et se positionna à côté de sa maîtresse. Aravis regarda la bête.

"Qu'est-ce que tu attends le reptile ? Je suis là. Viens si tu l'oses !"

La tête du serpent s'approcha d'Aravis et il lui montra ses dents. Aravis leva son épée, recula et se rendit compte qu'elle était plus près du mur qu'elle ne l'avait pensé. Les yeux du serpent la regardèrent avec appétit. Il n'était plus qu'à quelques centimètres de son visage. La guerrière pouvait voir le venin du serpent glisser pour atterir près de ses pieds. Il était impératif qu'elle ne rate pas son coup.

"Maintenant Lum !"

Le petit singe sauta sur le visage du serpent et lui griffa l'oeil. La bête se remit à se tortiller dans tous les sens. Aravis brandit son épée et la fit pénétrer dans l'autre oeil. Cela la dégoûta d'agir ainsi, mais elle n'avait pas le choix. Le serpent lacha un sifflement de douleur. Aravis, tenant toujours son épée, fut balotter d'un endroit à l'autre de la pièce. Elle finit par la retirer et revola dans un coin de la maison. Sa douleur à la tête s'intensifia lorsqu'elle atterit sur le sol et elle ne put s'empêcher de lacher un cri. Elle chercha des yeux Luminus. Le petit singe se dirigea vers elle. Elle attendit un moment pour se reprendre, espérant que sa manoeuvre ait permis de ralentir les attaques du serpent et que Caroline réussisse à se débarasser de ce monstre immonde et à libérer Mirage.

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L’énergie utilisée pour la possession aspirait tel un venin les dernières forces vitales de Mirage. Tant de colère, de haine et de puissance demandaient au parasite beaucoup trop à la jeune Félys.
Concentré sur le petit singe dans le but manifeste de trouver un sort supportable pour le détruire, l’Entité se laissa surprendre par Caroline qu’il avait presque fini par oublier au sol. La main blanche aux longs doigts effilés se referma tel un étau sur le bras de la jeune fille laissant à son contact s’échapper des vapeurs de fumée.
Le toucher si pur de l’elfe lui brûlait littéralement le bras.
L’Entité se mit à hurler de douleur, mais contre toute attente, on pouvait entendre la voix de Mirage crier avec la même intensité. Les deux voix se mêlaient dans un hurlement d’agonie.

Les traits de plus en plus tirés par l’épuisement, la créature reprit plus vite le dessus que son hôte et fixa un long moment Caroline dans les yeux. Cela parut durer une éternité, puis l’être afficha un sourire vaincu mais non résigné. Il tira son bras à lui, attirant par la même occasion l’elfe qui n’avait pas lâché prise et lui chuchota.

Les vapeurs dégagées par la brûlure qui n’avait rien d’humaine s’interposèrent entre eux.
Le visage de Mirage était à présent trempé, ses traits se détendirent progressivement, ses lèvres reprirent une teinte plus rosée quoique très pâles, et ses pupilles dorées réapparurent une fraction de seconde. A peine la bête l’avait-t-elle quitté qu’elle poussa une longue expiration et s’effondra sur le sol, inconsciente, la chair de son bras à vif.

Pendant ce temps, le serpent aveugle et gravement blessé se ruait la gueule grande ouverte vers Aravis pour se venger, mais il n'en eut pas l'occasion et s’effondra aussitôt en drapé aérien à quelques centimètres d'elle, déchiqueté de part en part et couvert de sang.
Au même moment, Caroline put sentir une douleur aigüe au fond de sa gorge. Les sons pouvaient de nouveau sortir, mais cela restait très douloureux.
Une brise légère pénétra par la fenêtre laissant l’air frais du soir chasser peu à peu l’odeur de soufre.
La chambre retrouva son calme, et les bruits extérieurs de la nuit emplir la pièce.
L'état des lieux et des personnes présentes étaient le seul témoignage du chaos qui venait enfin de s'achever.

Lorsqu'Aravis entendit l'entité crier, elle cru entendre Mirage en même temps. Elle n'eu pas le temps de voir ce qui se passa, trop occupée à surveiller les mouvements du serpent. Malgré la perte de ses yeux, la bête se dirigea vers elle. Aravis essaya de prendre son épée.

"Donne moi la force, Lucas."

À ce moment, la voix terrifiante se fit entendre une dernière fois et le serpent vint s'effondrer juste devant ses pieds. La guerrière sentit son coeur battre à une vitesse folle, puis, ralentir peu à peu. Elle regarda en direction de la porte et vit Mirage allongée, ne bougeant pas. Caroline était à ses côtés.

"Est-ce que ça va ? Il faut s'occuper d'elle Caroline."

Aravis essaya de se lever, mais n'y arriva pas. Elle posa sa main à l'arrière de sa tête dont la douleur était toujours grandement présente. Puis, la pièce sembla bouger. Mirage et Caroline se dédoublèrent. Ensuite, le noir total. L'insconcience avait pris place dans son esprit. Luminus se mit à bondir devant le visage de sa maîtresse, inquiet de son état. Il n'osait pas aller rejoindre Caroline, de peur que la chose soit encore dans le corps de Mirage. Il se mit à passer ses pattes sur le bras d'Aravis, espérant innocemment réussir à la réveiller de cette manière.

Contre toute attente, ses doigts blessèrent la félys, brûlant sa peau. Caroline n'en désserra pas pour autant son étreinte, il fallait que l'entité laisse ce corps.
Les cris mêlés de Mirage et du parasite retentirent dans toute la pièce.
Un hurlement terrible, dénaturé.
Quelques paroles, une promesse de vengance échangée.
Et puis plus rien.
C'était fini.

Mirage, la vrai Mirage, s'effondra à ses pieds et le serpent en fit de même.
L'elfette n'en revenait pas, ce cauchemar était terminé. Après toutes ces souffrances, l'entité s'était enfuit, résignée à leur accorder la victoire. Pour cette fois du moins.

Soudain, ce fut comme si on remettait le son, la bulle de silence avait été rompue. La prêtresse pouvait entendre les oiseaux chanter au-dehors, et la timide lumière du soleil vint éclairer la chambre dévastée.
C'était l'aube. Un nouveau jour commençait, classique pour les gens extérieurs mais totalement différent pour ceux encore présents dans cete chambre.
Caroline savait. Désormais deux entités désiraient se venger d'elle. L'une d'elle était enfermée dans un flacon après qu'elle l'est extraite du corps de Syl, l'autre se balladait quelques part au-dehors, songeant déjà sans doute à son futur plan.
Le "She'ol" attendait son âme avait dit l'entité. Mais qu'était-ce ? Etait-ce son nom ? Elle allait devoir se replonger dans ses vieux manuscrit, dans l'espoir improbable de trouver un information là-dessus.

La voix d'Aravis la ramena à la réalité. La guerrière s'effondra dans un bruit sourd, elle aussi happée par l'inconscience. La prêtresse était désormais la seule personne encore debout.

Elle incanta, ce qui lui arracha une grimace, sa gorge étant extrèmement douloureuse, et les corps de Mirage et d'Aravis s'élevèrent pour aller se poser délicatement sur le lit. Là, elle put les soigner. Les brûlures de Mirage s'effacèrent, laissant place à une peau intacte mais ornée d'un étrange glyphe que Caroline ne put faire disparaitre. Un mystère de plus.

Une fois les soins accomplis, elle les laissa endormies sur le lit et sortit au-dehors. Elle avait besoin d'être totalement seule, d'aller méditer au plus profond de la forêt de Satowa qui lui redonnerait tout son calme. Elle serait revenue à leur réveil, et lorsque toutes deux seraient en état de rentrer chez elle, alors elle pourrait commencer ses recherches...

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Tout était noir. Est-ce que les rêves sont ainsi ?

L’esprit de Mirage flottait dans l’obscurité depuis il lui sembla des heures. Impossible de trouver la moindre sortie, impossible de retrouver son corps. Juste une sensation de froid, de vide…
Si ce n’était le côté angoissant de se sentir prisonnière en un lieu qui n’en était pas un, Mirage aurait pu se dire qu’elle se trouvait dans une salle d’attente. Elle restait là, figée, immatérielle, et seules ses pensées étaient concrètes.

Etait-elle morte ? Pour de bon ?

Elle se rappela avoir montée péniblement les marches grinçantes de l’escalier de l’auberge.
Avoir longée le couloir rempli de portes closes, où ronflements et parfois quelques gloussements se faisaient entendre.
Elle se rappella sa fatigue et le plaisir qu’elle ressentit qu’en elle aperçut le lit moelleux bordé de draps blancs en fermant la porte de sa chambre.
Elle se souvint avoir ôté ses vêtements poussiéreux un à un et les avoir jeté négligement sur le sol, puis avoir versée l’eau fraîche dans la bassine de porcelaine.
Le contact frais et parfumé de l’éponge humide sur sa peau meurtrie et sale.
Elle se rappela avoir enfilée cette longue chemise blanche une fois lavée et s’être postée à la fenêtre pour admirer les premiers rayons de lune.
Puis plus rien….
Juste ce lieu, juste ce vide…

Après avoir repassé le cours des choses, elle en était venue à penser qu’elle c’était probablement endormie à la fenêtre et qu’elle était en plein rêve.
Mais soudain, elle ressentit une violente douleur et ses sens se réveillèrent. Elle était de nouveau dans son corps, hurlant de souffrance…Caroline !
…puis plus rien !

Quelques battements de cils furent nécessaires pour qu’elle ouvre de nouveau les yeux. Elle vit le plafond au dessus d’elle, et le lustre de bois un peu plus loin
La jeune Félys se sentait faible, fiévreuse aussi. Tout son corps transpirait à grosses gouttes.
Elle aurait aimé se relever mais elle en était incapable, son corps lui paraissait aussi lourd qu’une pierre et ne semblait pas vouloir lui obéir.
Un souffle à son côté lui signala la présence de quelqu’un d’autre dans le lit. Elle se força à tourner légèrement la tête, mais il lui fallut un temps d’adaptation avant que sa vue ne soit plus floue.

Aravis ?
Qu'est-ce qu’elle faisait là ? Dans son lit ?

Ses joues étaient brûlantes, elle le sentait, mais il fallait qu’elle vérifie, elle se concentra pour porter la main à son visage, mais ce geste pourtant si naturel lui prit bien 5 longues minutes. Elle était en effet fiévreuse, il n’y avait pas de doute. Ses lèvres étaient desséchées, et sa gorge réclamait cruellement de l’eau fraîche.
Fatiguée elle allait laisser retomber mollement son bras sur le côté lorsqu’elle aperçut sur son avant-bras une marque.
Un symbole étrange tatoué dans sa chair.

Mais qu’est-ce qu’il s’était passé ?

Luminus s'était installé près de sa maîtresse lorsque Caroline l'avait posé sur le lit. La guerrière semblait dormir profondément. Pourquoi ne s'était-elle pas réveillé sur le champ ? Les soins prodigués par la prêtesse aurait dû lui permettre de se remettre. Le petit singe vint se blottir contre le ventre d'Aravis. Sa respiration était lente. Chacune d'elles lui sembla durée des heures.

Puis, Luminus entendit un bruit près d'elle. Il leva prudemment sa tête et vit Mirage se lever. Elle semblait dans un état déplorable. La félys se mit à examiner son bras. Luminus se plaça entre Aravis et Mirage. Il lui montra ses griffes et les dents. Le petit singe décida de diriger sa colère contre elle. Il ne comprenait pas vraiment toute cette histoire de possession, mais il lui fallait se défouler, pour le traitement que sa maîtresse avait reçu. Ses yeux menaçant la regardèrent.

"C'est assez Lum. Tu sais très bien que ce n'est pas elle la responsable."

Sa voix était faible, mais non moins autoritaire. Luminus se retourna vers sa maîtresse et sauta de joie.

"Arrête Lum. Je sais que tu es content, mais tu me donnes le tournis."

Lentement, la guerrière se releva et posa sa main sur sa tête. Les blessures semblaient avoir disparues, mais elle avait une drôle de sensation à l'arrière de sa tête. Elle se tourna vers Mirage et lui offrit un sourire qui montra à quel point elle était faible.

"Pardonnes lui. Comment te sens-tu Mirage ?"

La guerrière posa sa main sur le bras de la félys.

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Cet état d’intense faiblesse était assez frustrant. Elle continua à détailler les lieux et se rendit compte qu’elle n’était pas dans sa chambre. C'était de plus en plus étrange.
Du mouvement attira de nouveau son attention vers Aravis, elle se redressa lentement et aperçut Luminus qui câlinait sa maîtresse. Elle sourit tendrement devant la scène mais quand l’animal s’aperçut qu’elle le regardait il eut une attitude complément inattendue et incompréhensible envers elle. Lui toujours si doux, si gentil se montrait menaçant et agressif.
Pourquoi ?
Mirage ne comprenait vraiment rien, sans qu'elle sache pourquoi tout paraissait différent…que c’était-il donc passé ?
La voix inhabituellement fragile d’Aravis se fit entendre. Elle semblait aussi mal que la Félys. Mais de quoi parlait-elle ?
Responsable ? Mais de quoi ?
Ses yeux étaient plein d’interrogations mais elle ne savait pas par où commencer. Elle finit par ne trouver que cette simple phrase.

Mais…que...que c’est-il passé ?