Who wants to live forever ?

Nombre de messages : 108 Localisation : Kedrok Date d'inscription : 25/03/2007

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Le chemin épineux de la gloire avait un revers plus douloureux qu’elle ne l’aurait pensé.
Et sans qu’elle comprenne pourquoi, son sentiment de solitude ne faisait que croître au fil des lunes.
Elle qui avait voulu fustiger son être pour laver son âme de toutes ces impuretés et l’élever ainsi plus haut vers la lumière, sentait de plus en plus les ronces pénétrer dans sa chair et s’abreuver de l’essence même de sa vie.
C’était comme si peu à peu autour d’elle les couleurs se ternissaient et finissaient par disparaître. Son visage n’affichait plus un seul sourire, son teint devenait presque translucide, fantomatique même. Elle avait même du mal à reconnaître son reflet dans l’eau dansante des lacs.
Etait-elle trop jeune ?
Avait-elle pris en charge un poids trop lourd à porter pour ses frêles épaules ?
A moins qu’elle ne soit entrée dans les desseins funestes de son père sans même s’en rendre compte.
N’était-elle plus qu’une ombre ?

La jeune Félys se sentait fatiguée, de plus en plus fatiguée…
Les nombreuses vies qui lui avaient été arrachées de façon si brutale, donnaient à son éternité un goût amère et sans saveur. De victime, elle était devenue écorchée, et plus les jours passaient, plus elle avait du mal à trouver un sens à tout cela. Elle se sentait abandonner de la lumière, et seul l’amour qu’elle mettait dans ses prières de soin réchauffait encore un peu les gelures qui glaçaient son cœur.
Elle ne rêvait que de dormir, dormir rien qu’une fois… en paix.
Dormir dans les bras de sa mère qui lui fredonnait quelques douces mélopées tout en lui caressant les cheveux avec tendresse. Dormir en toute innocence, sans peurs, sans doutes, sans douleurs.
Les nuits où elle dormait à la belle étoile, elle se pelotonnait comme elle pouvait afin de chercher en elle la chaleur nécessaire pour apaiser ce vide qui la rongeait. Les mains serrées sur sa lame, attendant l’ennemi qui encore une fois profiterait de sa faiblesse.
Se réveillerait-elle encore une fois dans ce cimetière ? Cette pensée l’angoissait à chaque fois que le sommeil la prenait, juste avant, juste une seconde avant pour faire palpiter encore une fois les battements de son cœur qui pourtant ralentissait au rythme de sa respiration somnolante.

Souvent elle pleurait, sans trouver de remède à ce mal être qui grandissait en elle.

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Ces derniers temps le cimetière était devenu l’endroit qu’elle détestait le plus.

Au début, lors de ces premières morts, Mirage s’y sentait au calme, reposée des terribles coups qui l’avaient conduite là. Elle restait un moment, sans bouger, à essayer de reprendre pieds après ce qu’elle venait de subir encore. Elle avait même hésité à plusieurs reprises d’y rester pour ne plus jamais avoir à affronter les combats, la haine et la douleur.

Mais que serait une vie entre 2 mondes ? Ni vivante, ni morte…une âme oubliée…

Elle restait assise dans l’herbe de longs moments, le dos collé contre les tombes, les genoux plaqués contre sa poitrine, à réfléchir au sens de sa vie, et à savoir si tout cela valait la peine de continuer.
Bien qu’ayant quitté son enveloppe charnelle, sa coque de voyage, l’âme gardait mentalement sa forme connue. Elle pouvait voir ses jambes, ses bras, et même avoir l’illusion de toucher sa propre peau. Comme si la mort gardait en mémoire toutes ces sensations qui faisait d’elle un être de vie. Elle pouvait même entendre les battements de son cœur.

Mais depuis peu, dès qu’elle pénétrait en ce lieu, elle se sentait épiée comme si elle n’était pas seule.
L’ambiance était pesante, chargée d’électricité, couverte de brumes, et cette présence n’avait rien d’amicale, ça elle en était sure.
Cette sensation pesait lourdement sur sa poitrine, pourtant elle ne voyait rien, ni personne.
Elle se sentait angoissée, effrayée à chaque fois qu’elle se retrouvait au milieu des tombes, elle en venait à supplier du regard ses assaillants pour ne pas qu’ils portent le coup de grâce qui la renvoyait encore là-bas.
Sa nuque picotait étrangement, comme pour la prévenir d’un danger, d’une menace…
Ses mains tremblaient, alors qu’elle courait désespérément dans les allées afin de trouver la Donneuse d’âme.
Elle avait presque l’impression de sentir un souffle glacé au creux de son oreille, comme si on essayait de lui murmurer quelque chose. Mais elle refusait ce contact, elle refusait sa présence.
Pour éviter de penser à tout cela elle répétait et répétait sans cesse ses prières, le souffle court, les larmes aux yeux.
Et quand enfin elle la trouvait, elle accélérait dans sa direction en attendant désespérément que celle-ci la transporte devant les grilles de sortie.

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Elle venait d’arriver à Kedrok, fatiguée mais fière d’avoir passé enfin un nouveau stade d’expérience. Malgré ces petits moyens, elle continuait de progresser à son rythme, et seul le résultat de son travail arrivait encore à arracher à ce visage famélique un sourire franc.
Elle arpentait les rues, regardant les vitrines des boutiques et les nouveautés des armureries qui faisaient briller son regard quand soudain son poil se hérissa. Sa queue féline se balança frénétiquement de gauche à droite, et quand elle vit son reflet dans la vitre, elle empoigna le pommeau de son épée.
Il était seul ! Et se mouvait tel un voleur.
Elle se mordit la lèvre, la peur au ventre d’encore une fois y laisser la vie, mais elle se tint prête à riposter de toutes ces forces.
Il disparut dans l’ombre d’un arbre, et son cœur accéléra sa course. Elle chercha à se raisonner, à regagner son calme. Si elle paniquait maintenant, elle savait que son effet de surprise aurait raison d’elle. Elle inspira profondément, et continua d’un pas prudent sa promenade en essayant de faire semblant de ne pas l’avoir remarqué.
Elle avança quelques mètres, l’estomac noué, un poing serré sous sa cape, l’autre crispé sur son arme. Par où allait-il mener son attaque ?
Bon nombre de voleur qu’elle avait croisé était habile pour se fondre dans le décor, et vous planter une dague dans le corps quand vous vous y attendiez le moins.
Elle s’enfonça dans la ruelle qui menait à l’auberge et pressa le pas. Là-bas elle serait sauve ! Personne ne tente quoique se soit en public, elle le savait bien !
C’était l’endroit le plus sur pour elle ! Il fallait qu’elle y arrive. Coûte que coûte !

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Malgré les 500m qui l’éloignaient encore du refuge, Mirage pouvait entendre le grincement particulier de l’enseigne de l’auberge balancée par le vent.
Ses yeux allaient et venaient, détaillant les lieux au microscope, surtout les parties ombrées où sa vue semblait lui jouer des tours en lui faisant voir des choses qui n’étaient pas là.
Le pas de plus en plus rapide se transformait en course, et sa main devenait douloureuse à force de serrer le pommeau entre ses doigts graciles. La paume de sa main devait être rouge à force et les motifs de celui-ci devaient être profondément imprimés dans sa peau.
Ses poils se hérissèrent de nouveau et elle stoppa net. L’attaque était imminente et elle le sentait. Son instinct félin c’était aiguisé depuis quelques lunes et à chaque danger son corps lui envoyait un message.
Elle se tint en position, prête à dégainer, les pieds en appui pour avoir plus de force quand elle lancerait son geste ample. Une goutte de sueur perla le long de sa tempe, rendant le silence des lieux et l’attente plus angoissant encore. Seul le bruit du vent dans les feuilles des arbres et le grincement sinistre de l’enseigne se faisait entendre.
Soudain un petit caillou tomba sur son épaule. Elle eut à peine le temps de regarder vers le ciel, qu’une ombre rendue gigantesque par l’amplitude de sa cape sauta du toit, au dessus d’elle. Elle dégaina puissamment son épée, mais avant même que celle-ci ait pu la pointer vers son ennemi, elle vit jaillir de ses doigts une nuée d’étincelles qui la projetta au sol.

L’homme, un Félys au regard de dément se tenait à présent au dessus d’elle, le pied écrasant son poignet, tandis que sa main maintenait l’autre fermement.
Il sourit. Un de ces sourires sadiques et privés de toute compassion.
Elle chercha dans un ultime espoir à se dégager, mais elle savait déjà que son niveau était plus puissant que le sien.
Il approcha son visage pour la renifler, tel un animal, puis posa sa langue dans son cou pour la remonter grassement sur sa joue. On aurait dit une bête jouant cruellement avec sa proie.
Crispée de dégoût, Mirage ne savait pas si elle devait continuer désespérément à se débattre où si elle devait se résoudre à retourner encore une fois là-bas.
Les larmes coulaient malgré elle, ce qui excita d’avantage son agresseur.
Elle se mordit les lèvres, ne pouvant que du regard le supplier de l’épargner !

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Le raisonnement de pas sur la terre battue, sans compter les odeurs portées par le vent, le fit se redresser, restant à l’affût. Il se releva, libérant son poignet devenu bleu et l’attrapa sauvagement par la chemise, la soulevant littéralement de terre.
Suspendue comme un pantin désarticulé, Mirage réagit voyant une opportunité de salut et enveloppa ses jambes autour de son bras pour lui mordre la main jusqu’au sang. Il grimaça à peine, et afficha plutôt un léger sourire amusé.
Voyant les silhouettes de quelques voyageurs poindre à l’horizon et se dirigeant sans doute vers l’auberge, il se dégagea de la prise de la jeune femme, pour la saisir dans le dos, le muscle de son bras écrasant sa gorge, l’autre main sur sa bouche. Mirage essayait de se débattre tant qu’elle pouvait, se disant que si elle arrivait à crier quelqu’un viendrait peut-être à son secours. Elle se tortillait comme un ver, cherchant à lui donner des coups bien placés avec ses pieds, mais sa poigne était tellement forte qu’il lui était difficile de faire de réels mouvements. Il émit un petit rire glacial et lui souffla dans l’oreille.

Viens…on va s’amuser ailleurs…

Elle regarda son épée scintiller dans la poussière avant qu’il ne l’entraîne de force dans une impasse mal éclairée à cause de la hauteur des murs. Il la saisit par le cou, serrant de toutes ses forces et la claqua violement contre les briques du mur la laissant sur la pointes des pieds. Une forte odeur d’urine flottait dans ce lieu, sale et abandonné. Il avait trouvé l’endroit idéal pour la tuer comme une vermine, cachés par des tonneaux et des caisses vides.
La pression sur sa gorge rendait sa respiration difficile. Il lécha son propre poignet où le sang coulait au niveau de la morsure et la regarda un long moment suffoquer.
Il sortit une longue dague effilée et joua avec devant ses yeux pour jouir de la peur qu’il lisait dans son regard. Il relâcha légèrement la pression au niveau de sa gorge, et la jeune Félys prit de grandes inspirations pour pouvoir de nouveau respirer normalement.
Ce petit jeu sadique était de plus en plus horrible, elle se sentait désespérée, ne sachant que faire pour que le temps file et qu’il en finisse enfin, même si pour cela elle devait retourner là-bas.
Il la détailla un bon moment et détacha sa bourse de cuir en coupant le lien la reliant à sa ceinture de la pointe de sa lame aiguisée. Il la soupesa, l’air satis fait et la glissa dans sa poche. Puis il recentra son regard azur dans les pupilles dorées de Mirage. Il avait l’air de réfléchir un long moment. Sans doute pensait-il au moyen le plus odieux de mettre fin à sa misérable vie. Une étincelle se mit à faire briller son regard plus intensément, et son sourire ne présageait rien de bon. Il laissa glisser la lame sur sa joue, puis la descendit progressivement jusque son buste. Là il commença à couper un à un les boutons de sa chemise.
Une forte angoisse la saisit à cet instant craignant le pire.
Mais il s’arrêta au moment où il découvrit la cicatrice en forme de croix sur sa poitrine. Son sourire s’allongea, le rendant encore plus monstrueux, et il finit par éclater de rire.
Puis d’un ton doucereux et ironique il lui lança.

Une prêtresse hein ?...Ils accordent le pardon à n’importe qui maintenant…qui sait…je devrais peut-être postuler et rentrer dans les ordres….

Ses joues s’empourprèrent et la rage lui monta dans les poings, ses griffes pénétrèrent la chair du bras qui la maintenait prisonnière et elle lui cracha au visage.

Il ferma les yeux, s’essuya du revers de la main, puis la fixant plus durement.

Bien…bien, de la haine, de la colère…on peut peut-être faire quelque chose de toi. Tu devrais nous rejoindre tu sais.

Sa voix avait des accents suaves et envoutants, il parlait en murmurant et ne la quittait pas des yeux attendant patiemment qu’elle féblisse.

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Son cœur tambourinait plus que de raison, le souffle court, elle rageait en son fort intérieur. Jamais elle n’avait rencontré ennemi plus cruel. Le temps semblait figé, et cette inconfortable situation, humiliante et sadique n’avait que trop durée. Elle se dit que le provoquer était sans doute le meilleur moyen pour qu’il en finisse et qu’enfin il fasse ce à quoi il pensait depuis le début. Elle essaya de se calmer, les griffes toujours plantées dans son avant-bras et lui répondit d’une voix colérique.

C’est bon tu t’es bien amusé ! Maintenant qu’on en finisse ! A moins que tu ne sois trop lâche pour aller jusqu’au bout.

Il ne sourcilla même pas, la fixant toujours intensément, un petit sourire en coin. Il approcha lentement sa main de son visage et laissa son pouce caresser son front, descendre sur sa tempe, continuer sur sa joue et finir sur sa lèvre inférieure. Elle rougit de façon incontrôlable sur l’instant, mais continua de plus belle à le provoquer.

Alors c’est tout ce dont tu es capable ! Faire peur aux gamines et jouer avec elles ! N’as-tu donc aucun courage ! On ne vous apprend pas à tuer dans ton clan ?!!!

Il lui était de plus en plus difficile de cacher son trouble. Sa petite poitrine se soulevait et redescendait rapidement, les doigts de son agresseur toujours serrés autour de son cou.
A cet instant Mirage craignait plus que de simplement perdre sa vie, elle craignait de n’être que le jouet impuissant d’un pervers qui n'en voulait pas qu’à son or.
Ces instants lents laissaient à son esprit la faculté de réfléchir à toute vitesse, mais ses pensées tournaient en rond, il n’y avait aucun moyen qu’elle lui échappe.
Il finit par briser le silence en la relançant.

Tu ne veux pas…nous rejoindre ? Tu pourrais te libérer ! Etre ce que tu es vraiment, ne plus souffrir de cette culpabilité qu’entretienne ton ordre et peut-être même… ton propre clan !

Elle fronça les sourcils en le regardant. Il cherchait à la tenter, à la faire basculer vers l’ombre. Cette idée lui était insupportable !
En lisant sa colère sur son visage il planta la pointe de sa lame dans la cicatrice en forme de croix et la redessina la faisant saigner abondamment. Mirage ne put réprimer un cri de douleur, mais il continua…

Tu ne souffrirais plus ! Je vois bien à quel point tu souffres jolie Félys…

Il s’approcha doucement d’elle et plaqua son corps contre le sien. Elle en fut parcourue de frissons et elle détourna la tête pour cacher sa gêne. Son parfum entêtant et sauvage l’enivrait, et mêlée à la peur, elle se sentit gênée de ressentir une toute autre émotion.
Il glissa ses lèvres le long de son cou et elle ferma les yeux. Mais elle reprit aussitôt le contrôle de son esprit et lâcha serré entre ses dents.

Jamais !!!

Il releva la tête. Leurs nez se frôlaient légèrement, jamais elle n’avait été aussi proche d’un homme de sa vie, et son cœur s’emballa d’avantage. Elle sentait son souffle chaud sur son visage, le poids de son corps contre le sien. Toutes ces sensations nouvelles et inconnues qu’on ne lui avait jamais offertes.
Il chuchota à son oreille.

Dommage…

A cet instant elle sentit toute la longueur de sa dague lui transpercer le ventre. La douleur était aigue et forte. Ses pieds retouchèrent le sol et ses genoux lâchèrent sous son propre poids. Elle glissa le long du corps de son meurtrier, et la tête contre la brique, elle s’affaissa jusqu’à s’asseoir sur le sol.
Il lécha la lame de son arme couverte de sang, et s’accroupit face à elle.
Il posa un baiser delicat sur ses lèvres et lui dit.

Peut-être plus tard…quand tu en auras assez de te mentir jolie Félys…quand tu seras fatiguée de souffrir, on se reverra et je te reposerais la question.

Elle sentait sa vie s’en aller peu à peu, mais il ne bougeait pas et attendait qu’elle expire son dernier souffle. Sentant l’aspiration de son âme arriver, elle versa quelques larmes et ferma les yeux.

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La douleur qu’engendrait le retrait de l’âme de l’enveloppe charnelle lui donnait le sentiment d’être écorchée vive.
Est-ce que tout le monde ressentait la mort de cette façon ? Où bien n’était-ce qu’une punition destinée à elle seule ?
Aspirée par le tourbillon incessant et lumineux, son âme se retrouva de nouveau dans le cimetière.
Elle resta un long moment, allongée à fixer le ciel vide, les yeux encore humides.
Elle passa machinalement sa langue sur l’intérieur de ses lèvres, goutant son propre sang qu’il avait laissé en l’embrassant. Le goût était bien là, elle le sentait.
Encore perdue par cette étrange rencontre elle mit du temps avant de réaliser où elle était revenue encore. Pourtant l’angoisse ne la saisit pas tout de suite. Elle restait figée dans une sorte de rêverie se remémorant l’horreur, comme le bon.
Comment pouvait-elle s’imaginer qu’il y en avait eu ?
Elle fronça ses sourcils à cette pensée, mais peu à peu son odeur, le contact de sa peau et de ses lèvres, le poids de son corps, tout lui revint en mémoire. Elle se sentait troublée, sans pouvoir définir pourquoi. Peut-être après tout que cela avait été sa plus belle mort ?
Il savait ! Il avait perçu sa détresse, ses doutes !

Elle finit par se relever difficilement, sentant encore la pénétration de la lame dans son abdomen. Elle s’appuya contre une des tombes et respira lentement, ses mèches brunes retombant négligemment devant ses yeux.

http://www.coucoucircus.org/ost/generique.php?id=606

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Miiiraaaaggeeeeeeeee

La voix semblait venir directement dans sa tête, immatérielle, irréelle comme sortie d’outre-tombe. Le froid presque immédiat glaça sa peau jusque dans ses os et de la vapeur s’échappa de ses lèvres. Elle se retourna vivement, mais le cimetière semblait désert.
Le silence. L’angoisse se figea dans sa gorge et noua son estomac. Le froid finit de la faire frissonner, mais il n’était rien comparé au sentiment de peur qui la figeait.

Miiiraaaaggeeeeeeeee

La même voix, presque un murmure, siffle dans son oreille tel un serpent. Son cœur à présent vibre dans ses temps, l’allure est rapide mais régulière.

Qui est là ?!!! Finit-elle par crier pour briser les instants silencieux trop pesants.

Elle se redresse et tourne sur elle-même à s’en donner le tournis. Mais personne ! Pas de réponse !
Les vapeurs s’échappent de plus en plus vite de sa bouche. Elle se sent prise au piège.
Comment peut-elle percevoir une autre âme que la sienne dans ce cimetière ? Serais-ce une âme oubliée ? A moins que…
Les muscles crispés, elle ordonne à son corps de bouger. Malgré le froid, malgré la peur.
Droit devant ! Sans réfléchir elle court de façon désespérée, saute au dessus de quelques tombes pour ne pas perdre de temps.
Où est-elle ? Vite ! Vite !!!
Il faut que je la trouve, Il faut que je sorte d’ici !!!
Son esprit se concentre sur la donneuse d’âme, mais la voix insiste encore.

Miiiraaaaggeeeeeeeee…viennnnssss….

Une plainte, une voix ténébreuse… une âme noire, c’est sur !
Dans sa course éperdue, elle trébuche, se relève maladroitement sans même se retourner.
Elle craque, elle pleure. Mais personne ne peut l’aider, il faut qu’elle la trouve. Coûte que coûte !
Le souffle de plus en court, elle tourne dans les allées à toute vitesse, jamais elle n’a couru aussi vite, jamais elle n’a éprouvé tant de peur.
Elle finit par l’apercevoir, assise près de la grille. Son regard à l'agonie se plonge dans le regard vide du fantôme qui ne bouge pas. Encore 10m !

Miiiraaaaggeeeeeeeee.....jeee t'attennnds...

Elle pousse un cri en plaquant ses mains sur ses oreilles. Plus que 5m.
Elle arrive devant la Donneuse d’âme essouflée, et la suppliant du regard. Celle-ci lui accorde une nouvelle chance, et tombant à genoux elle se sent de nouveau aspirée.

Nombre de messages : 108 Localisation : Kedrok Date d'inscription : 25/03/2007

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Parfois, même au plus profond du sommeil, certaines fragrances viennent exhaler et se rappeler à notre bon souvenir.
Souvent je perçois cette odeur si particulière de tabac qu’il affectionnait tant les soirs où la lumière de son bureau laissait présager des heures d’écriture et de rapports destinés au grand Seigneur. Il m’arrivait de descendre à pas félin l’escalier grinçant, laissant les pans de ma chemise de nuit frotter contre le bois de la rampe.
La porte restait toujours entre-ouverte, comme s’il m’attendait, tout en laissant l’opportunité à cette visite nocturne de rester secrète.

Ce soir là il n’était pas à sa table la plume à la main. Le doigt appuyé sur les pages d’un livre ouvert glissait de façon rapide le long des lignes d’écritures anciennes. Sur le bord de la table se tenait l’objet manifeste de ses recherches. Une ancienne urne en terre cuite, de la taille d’un pichet. Elle semblait avoir traversé les âges et quelques tâches rouges persistantes par endroit manifestaient de la couleur qui avait été la sienne jadis. Elle était ornée d’un bouchon en métal lié à sa base par une cordelette, laissant son ouverture aux tentations des violeurs de trésors. Un symbole étrange gravé en noir sur son ventre arrondi attira mon attention.

Le dessin était très nettement visible de là où je me trouvais, mais la curiosité de découvrir ce que tout cela cachait me fit me tendre au maximum sur la pointe des pieds. Le dos imposant courbé sur sa lecture m’empêchait de voir l’ouvrage qu’il consultait.
Ma langue malicieuse sortit de ma bouche comme pour me donner du courage à m’élever encore plus haut sur mes orteils, mais le seul résultat fut de bouger légèrement la porte. Je serrais les dents en espérant qu’elle ne me trahirait pas par un grincement mal venu, mais elle s’entrouvrit en silence. Je redescendis de ma hauteur sur le point d’expirer mon soulagement quand sa voix me fit tressaillir.

Ma fille, une jeune demoiselle digne de ce nom, ne folâtre pas la nuit à jouer les espions.

Sa voix était sévère mais taquine. Je rougis légèrement et poussais lentement la porte de la main, tête baissée. Il ne se retourna pas, mais ses pommettes se soulevèrent doucement. Je savais qu’il n’était pas fâché, mais le fait d’avoir été prise en flagrant délit m’intimidait. Il gribouilla quelques notes de sa plume, la reposa dans l’encrier, appliqua le buvard et referma le livre sur le bout de papier. Il prit l’urne et la déplaça avec délicatesse dans son armoire vitrée qu’il ferma à double tours avant d’aller s’assoir à son fauteuil et de tourner toute son attention vers moi. Les doigts de ses deux mains les uns sur les autres de façon symétrique, je voyais ses yeux briller derrière le verre épais de ses demi-lunes. Il prit une grande inspiration et sur un ton faussement moralisateur me dit.

J’aurais pensé ma fille, qu’après le festin préparé par Minalys que vous avez dégusté sans aucune retenue, que votre sommeil aurait été long et profond. Que me vaut donc le plaisir de cette compagnie si tardive.

Tout d’abord gênée par la remarque de ma gourmandise au repas, je jouais nerveusement avec une mèche de mes cheveux, qui à l’époque retombait jusqu’au creux de mes reins. Puis voyant son sourire bienveillant et la tendresse de son regard, je me hasardais avec audace à faire un pas vers lui en minaudant.

Je...je n’arrivais pas à trouver le sommeil, Père, je suis donc descendue et…

Mes yeux se déplacèrent vers la vitrine, fixant avec curiosité l’urne. Je m’attendais à une réaction de mon père, mais tout se brouilla. Je sentais le rêve me quitter, la lumière du soleil rougissant l’intérieure de mes paupières closes.
Je mis un certain temps à me réveiller. Mes bras tendus dans bâillement étiré à son paroxysme. Je me redressais sur mon lit, émergeant progressivement, laissant le flot de la réalité du jour embrumer ce rêve jusqu’à l’oubli. Une fois suffisamment motivée pour quitter la chaleur des draps, je me levais affrontant le contraste frais de la pièce prête à tendre la main sur ma robe de chambre. Dans le geste mes yeux se posèrent sur la marque laissée sur mon avant-bras. Ce symbole si étrange…

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